J’AI VU LE FUTUR à l’Atomium, c’est lancé!

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Depuis de nombreuses années, je revisite le phénomène des expositions universelles. Recherches, lectures et collectes d’artéfacts habitent mon quotidien. Cette quête devenue démarche artistique m’a jusqu’ici fait circuler en Amérique du Nord et en Europe, pour réaliser des prises de vue de ce qu’il reste de ces expositions, de ce qui a été. Je photographie les vestiges de terrains toujours actifs, parfois laissés à l’abandon ou encore en recherche de devenir, car il est parfois difficile de trouver de nouvelles vocations à un site quand un événement a profondément marqué son territoire et sa mémoire, notre mémoire. 

Que reste-t-il de ces nombreuses Expositions universelles ? Des traces, des reliques, mais aussi de fameux pavillons, pour la plupart transformés, adaptés aux années, aux décennies qui viennent de s’écouler. Des architectures disparaissent sous la nature qui reprend ses droits, d’autres laissent des vides pleins d’espoir ou sinon place à d’actuelles réalités, sans doute moins factices que les Expos. Car ces manifestations sont des inventions monumentales, des visions fabriquées et idéalisées du monde. Il s’agit de paradis artificiels qui fascinent, assurément pour leur démonstration de l’immense et universelle créativité humaine. Elles entretiennent aussi un rapport ambigu au temps, et particulièrement à l’avenir.

L’installation photographique J’ai vu le futur[1] se présente tel un large panorama qui entremêle lieux et temps, en un continuum visuel quasi atemporel. Toutes ces photographies sont choisies pour provoquer des dialogues visuels, entre elles et avec leur espace d’exposition. Elles rappellent bien sûr des moments historiques, mais elles explorent avant tout des présents silencieux, un peu décalés et nécessairement détachés de leur contexte. D’ailleurs, les Expositions universelles, bien que fortement associées à une année, font rarement écho à leur présent, mais exhibent les promesses de demain. Ce demain qui aujourd’hui n’est déjà plus, si tant est qu’il a un jour été.

Bienvenue donc dans cet amalgame photographique spécialement déployé pour et avec l’Atomium, lieu inouï et architecture extraordinaire de l’Exposition universelle et internationale de Bruxelles de 1958. L’ensemble photographique à parcourir évoque un rêve grandiose et audacieux – né à Londres dans le sillage de la modernité – d’un monde pacifiste et avide de progrès, où les frontières n’existeraient plus. Une utopie qui a le mérite d’avoir créé de nombreux, tangibles et colossaux rassemblements humains.

Ève Cadieux


[1] Traduction libre de I have seen the future, le slogan qui figurait sur les épinglettes souvenirs du manège « Futurama » à l’Exposition universelle de 1939-1940 à New York. Le trajet faisait partie de l’exposition « Highways and Horizons » de General Motors.

EN

For a number of years, I have revisited the phenomenon of World’s Fairs. I’ve spent my time researching them, reading about them and collecting artifacts. This quest of mine became an artistic enterprise which has sent me travelling around North America and Europe to take photographs of what remains of these exhibitions, of what once was. I take photos of the relics of sites that are still in use, sometimes left derelict or still waiting to be transformed, as it can be difficult to find new purposes for a place when an event has profoundly marked its location and memory, our memory.

What remains of all these World’s fairs? Traces and relics, but also well-known pavilions, for the most part transformed and adapted to the passing years, to the decades that have elapsed. Some structures disappear, reclaimed by nature; others leave empty spaces filled with hope; and yet others give way to new structures, doubtless less contrived than those built for the Expos. Because these events are colossal creations, fabricated and idealised visions of the world. They are artificial paradises that mesmerise, undoubtedly due to their displays of immense and universal human creativity. They also have an ambiguous relationship with time, particularly with the future.

I have seen the future[1] is a photographic installation presenting a wide-angle view of these exhibitions which interweaves place and time in an almost timeless visual continuum. All these photographs have been chosen to stimulate visual dialogues, between them and with their exhibition space. They obviously document historical moments, but they mainly explore the silences of the present, slightly delayed and necessarily detached from their setting. Although they are undeniably strongly tied to a particular year, universal exhibitions rarely reflect their present, but rather the potential of the future. A future that is already no more, supposing it was even there at all.

So welcome to this medley of photographs taken especially for and with the Atomium, an unreal place and extraordinary structure from the 1958 Brussels Universal and International Exhibition. This photographic display conjures up an awe-inspiring and audacious dream – originating from London in the wake of modernity – of a world committed to peace and eager for progress, where borders would no longer exist. A utopia that is credited for organising many substantial and large-scale gatherings of people.

Ève Cadieux


[1] I have seen the future was the slogan featured on the souvenir pin from the « Futurama » ride at the 1939-40 Universal Exhibition in New York. The ride was part of the « Highways and Horizons » exhibit sponsored by General Motors.


L’installation est présentée sur les 2 niveaux d’une sphère de l’Atomium, et comprend 72 grandes photographies présentées sur quatre types de surfaces lumineuses : mur rétroéclairé, caissons lumineux, verre et moniteurs. / The installation is presented on 2 levels of a sphere at Atomium, and includes 72 large photographs presented on four types of luminous surfaces: backlit wall, light boxes, glass and monitors.

Détails de l’installation :







Photos : Be_Culture/Atomium, Ève Cadieux.


Remerciements au Conseil des arts et des lettres du Québec et à la Délégation générale du Québec à Bruxelles.